mardi 7 novembre 2023

Bricolage

 Ces temps ci, avec une météo souvent incertaine et souvent ventée, la période est plus à la pratique de la falaise qu'à la grande voie. J'en ai quand même profité pour retourner à Riglos que j'avais délaissé depuis la création du nouveau parking payant (mais comme tous les alcooliques avec la bouteille, dès que le mauvais temps revient, j'y retourne toujours). 
Dimanche dernier, on a aussi ouvert avec Ivan au milieu des averses, une petite voie facile, rapide et sans prétention à Lescun sur la paroi de Landrosque (une des rares parois du coin à l'abri du vent). Les traversées du ruisseau, quasi à sec à certaines périodes de l'année, se seront avérées épiques (et on aura bien rigolé). La voie croise la nouvelle voie ouverte récemment par Ivan et les 2 stéphane. Les 2 doivent d'ailleurs pouvoir s'enchainer.


Lescun - Landrosque - "Les pieds dans l'eau"

Le topo




L1


L2


L3- Tentative à gauche, puis départ à droite


Finalement, départ à droite pour finir sous la pluie



Les dernières semaines :

Riglos


Foratata



Pena de Oroel



jeudi 12 octobre 2023

Maroc - Rif -Cliffhanger et Aux sources du bleu

 Nous sommes de retour du Maroc avec Philippe. Nous sommes encore une fois allés dans la zone du rif et de Talambote. Cela fait 3 voyages maintenant que nous programmons dans ce secteur (pour 7 voies ouvertes) et, de manière totalement incompréhensible, nous ne voyons jamais aucun grimpeur. Il y a pourtant de magnifiques sites de couennes en bord de route, des grandes parois proches avec, au choix, des voies équipées ou terrain d'aventure avec peu d'approche. Le séjour est facile à organiser, puisque le site est a à peine plus de 2h de voiture de Tanger. On croise bien quelques touristes, mais essentiellement pour fumer du cannabis (on voit des champs cultivés un peu partout) ou de passage pour aller visiter Chefchaouen.

Sur ce séjour, nous avons eu très chaud et, alors que nous avions prévu d'ouvrir une grande voie bien longue, nous nous sommes très vite rendus compte qu'il nous était impossible de grimper au soleil tellement il nous brulait. Nous avons donc décidé de se lever tôt tous les jours, d'ouvrir jusqu'à ce que le soleil nous touche, puis de jouer les touristes l'après midi (baignade dans le ruisseau en contrebas, visite de villes,...).

Nous avons ainsi ouvert 2 voies équipées courtes (nous avions amené les friends mais nous n'avons pas trouvé de voie intéressante en terrain d'aventure à ouvrir). La voie "Cliffhanger" est plus difficile avec 4 longueurs du haut superbes, mais pas faciles. La voie "aux sources du bleu" est nettement plus facile. Nous l'avons ouverte avec les points assez proches pour qu'elle puisse facilement se parcourir par une cordée assez peu expérimentée. Au milieu cependant, nous n'avons pas pu nous empêcher d'ouvrir la belle colonnette qu'on voyait du bas, mais celle-ci se sera avérée trop dure par rapport au niveau de la voie. Nous avons donc équipé une variante facile à gauche.



Voie "Cliffhanger"

Le topo




L1


L2


L3


L4


L5

L6




Voie " aux sources du bleu"



L1


L2


L3


L4


L5 : on n'a pas pu résister à aller dans la colo. Ma pomme en plein artif! Le passage s'avèrera trop dur par rapport au reste de la voie.



L6



Les autres voies qu'on a ouverte sur ces parois

Voies "colomobile" et "Ramadan"


Voie Rif-fifi




Voie Point final



Voie Scratch



jeudi 28 septembre 2023

Aragon et vallée d'Aspe - Billare - Les jardins de Babylone

 Ca fait un long moment que je n'avais pas mis ce blog, par flemme essentiellement. J'ai pas mal grimpé en falaise et grimpé plusieurs grandes voies existantes plus ou moins jolies. J'ai également commencé plusieurs ouvertures, notamment en Aragon, dont une bien dure  mais rien n'est fini pour l'instant.

Avec Renaud, on a aussi continué et terminé une voie qu'il avait commencé en solo au Billare. Comme souvent sur ce sommet, les très beaux passages de la voie alternent avec le caillou bien délicat, voire les zones herbeuses. Il y a également 1 pas bien dur dans L4 que je n'ai pas réussi à libérer. Pas la plus belle voie du Billare, donc, mais probablement celle avec la marche d'approche la plus courte (20 minutes depuis le plateau de Sanchèse).


Aragon


Un magnifique 7a+



Billare 

Le topo


L3



L4 


L5, La plus belle longueur



lundi 7 août 2023

ouvreur de voies, une maladie incurable?

 Après quelques sorties grimpe, on est parti avec Renaud commencer l'ouverture d'une voie bien prometteuse. C'est étonnant comme à peine après avoir fini une ouverture, je me projette sur la suivante, persuadé qu'elle sera encore plus belle que toutes celles que j'ai pu ouvrir avant. L'attrait du beau caillou, de l'inconnu et de l'aventure me le fait imaginer en tout cas, un peu comme un drogué en mal d'adrénaline ou de came qui pense que le shoot suivant sera encore meilleur.

Je crois maintenant que tant que mon corps me le permettra et tant que mes yeux verront des lignes sur les parois, je continuerai d'ouvrir. Mon idée (comme celle de tous mes amis ouvreurs) est toujours d'essayer d'ouvrir la plus belle ligne possible, quel que soit le niveau de la voie, avec le rocher (ou la glace l'hiver) dont on dispose encore.

Porter des sacs bien lourds, bartasser, essayer d'éviter les blocs branlants, prendre des risques parfois importants, toujours (ou presque) en partant du bas ou du dernier point atteint, tout ça pour ouvrir seulement une ou deux longueurs supplémentaires au cours d'une très longue journée : serai je un peu masochiste? la question mérite d'être posée. Il est en tout cas certain qu'ouvrir une voie me procure un bien être psychologique important, voire participe à mon équilibre.

Il semble que c'est un mal quasi incurable dont j'aurai le plus grand mal à sortir. De plus, ce mal me semble identique à celui dont souffrent tous les ouvreurs que j'ai pu côtoyer ou rencontrer au cours de mes nombreuses pérégrinations en montagne : Il n'est (heureusement) pas trop répandu, mais il est certain que beaucoup de ceux qui se sont essayé à l'ouverture, ont continué...

P.S. : je profite également de ce post pour publier 2 voies en dessous, que je n'avais pas encore diffusé.

- Panticosa 51 aux Banos : 1ere voie ouverte après mon accident de ce printemps. Très facile et en très bon rocher (on avait pris les friends mais ils sont assez inutiles, seules quelques sangles pour cravater les arbres suffisent)

-Bolt as love sur le chemin de Respumoso : on avait repéré des dalles granitiques superbes de loin, mais elles se sont avérées un peu trop lisses pour nous, en tout cas pour une ouverture en mode semi-équipé du bas. Il reste quelques belles longueurs, mais aussi des transitions végétales.


Début d'ouverture, ce dimanche



 

Panticosa - "Panticosa 51"







Respumoso - "Bolt as love"








vendredi 28 juillet 2023

Dolomites - Torre figlia de la canali - Dentro la nebbia del amor : une ouverture sans perfo

 De retour d'un voyage dans les dolomites où la météo a été, comme à son habitude dans le coin, très orageuse. Lorsqu'on arrive sur place, 3 jours de beau temps sont annoncés : on décide de partir immédiatement tenter d'ouvrir une voie au Sass Maor en tentant d'aller directement au sommet depuis la vallée, sans redescendre une seule fois : résultat, on se coltine toute l'eau et le matériel de bivouac et des sacs de 40kg. Dès le 2ieme jour, on explose en vol  à cause du poids (surtout moi) et on redescend dans la vallée. Philippe arrive alors à me convaincre qu'il faut partir dans un mode beaucoup plus "semi fast and (beaucoup plus) light". on se déleste de tout le matériel superflu, perfo compris. J'avoue que partir dans des parois de 700m farcies de surplombs sans même un perfo "au cas où" dans le sac (et sans même savoir si on pourra faire des relais corrects) m'émeut plus qu'il y a quelques années, mais il faut avouer que le rocher des dolomites permet bien des audaces.

En avant donc pour une ouverture à l'ancienne : la seconde tentative n'est pas la bonne puisqu'après avoir ouvert 250m de voie dans une paroi, on tombe sur une vieille voie non répertoriée sur le topo. On décide de redescendre et d'aller grimper la voie "Heidi", proche du refuge Pradilali et de la voie "Bulh" qui s'avèrera être une superbe voie terrain d'aventure. Celle-ci nous réservera à la descente un orage soudain comme probablement seules les Dolomites savent en offrir :).  Entre temps, on a repéré (surtout Philippe) un autre projet d'ouverture sur une paroi de 700m non loin du refuge, la torre Figlia qui comprend seulement une voie Manolo sur la partie haute. On se lance à nouveau en mode " semi fast and light" et après seulement 2 longueurs, un nouveau gros orage s'abat sur nous, nous obligeant à nous réfugier sous un rocher. on redescend à la voiture.

Le lendemain, réveil à 4h du matin, motivés comme jamais : on ouvre 6 longueurs jusqu'à tomber sur une vire salvatrice qui permet, avec seulement une longueur de corde en traversée de rejoindre un pierrier et le refuge tout proche. Après une journée de repos, on remonte et on réouvre 6 longueurs supplémentaires jusqu'en haut du premier pilier. Comme on s'est bien fait secouer par les orages, on a bien pris soin de confectionner des relais pour pouvoir descendre en rappel  jusque là. La voie est donc entièrement rappelable jusqu'en haut du premier pilier. Le lendemain, c'est la plus belle journée qui est annoncée. On décide de tenter d'ouvrir le second pilier et d'aller au sommet directement. En fait, on ne verra pas le soleil de la journée et on finira même au sommet dans le brouillard le plus total, mais on arrivera à ouvrir 8 longueurs supplémentaires et à aller au sommet de la torre de la figlia. Contrairement à ce qui est dit sur le topo, la descente s'avèrera bien complexe : on devra improviser un rappel et tirer plusieurs longueurs de corde avant de rejoindre la voie normale de descente de la cima Canali, toute proche  (compter bien 3h de descente du sommet au refuge).

On arrive au refuge Pradilali trop contents à l'heure de manger : le regard et le quotidien de l'équipe a totalement changé depuis que nous sommes montés pour la première fois. On est passé de clients Lambda à véritables compagnons de route. Ils suivent régulièrement nos péripéties à la jumelle depuis le refuge et nous demandent de raconter avec moultes détails nos petites aventures. On comprend que l'ouverture de voies en mode traditionnel ne se pratique quasiment plus dans la zone. Même les grimpeurs se font rares (il est vrai qu'entre les voies existantes où il y a très peu de matériel en place, les orages soudains et les descentes souvent bien délicates, on est très très loin du "love climbing" à la mode).

Le gérant débouche une bouteille de champagne et on boit de bon coeur avec l'équipe et les quelques guides locaux présents sur place.

Le lendemain, il nous reste à redescendre : à peine arrivés en bas, de gros orages s'abattent sur nous pendant plusieurs jours et on terminera le séjour tranquillement en grimpant en falaise.

Pour la voie, s'il y a des répétiteurs intéressés (ce qui est peu probable ), prévoir 2 jeux de friends jusqu'au n°2, plus un n°3. On a laissé les pitons dont on a eu besoin, donc inutile d'en prendre. Une grosse expérience du terrain d'aventure est requise, même si le niveau global de la voie est peu élevé et que presque tous les relais sont en place (sauf les 3 derniers). Vu le style d'ouverture, il y a inévitablement quelques courts passages expos où il faut vraiment éviter de tomber, mais dans l'ensemble ça protège très bien avec un peu d'expérience dans la pose des friends et des lunules.


La photo avec l'ensemble de l'équipe du refuge Pradidali qui pose avec nous avec, derrière nous, la torre figlia et la cima canali.


Le topo et le tracé







Ma pomme dans L1


Philippe attaque L2, superbe


L3


L4


L5


L6


L7, un enjambement pour changer de paroi


L8, une traversée pour franchir un toit avec 200m de vide dessous


L9, un départ pas si facile et pas trop protégeable : je serre un peu les fesses :)


L10


L11, une des plus belles longueurs (mais avec un passage expo pour franchir le surplomb jaune)


L12, sortie en haut du premier pilier 


Vue sur le pilier 2 qui mène à la tour de la figlia


L14, Philippe au départ de la longueur la plus dure :  un bon 6c assuré sur pitons et friends


L17 juste après la vire 



L18, dans le brouillard total



 L19


L20, dernière longueur


Spritz apérol!