lundi 7 août 2023

ouvreur de voies, une maladie incurable?

 Après quelques sorties grimpe, on est parti avec Renaud commencer l'ouverture d'une voie bien prometteuse. C'est étonnant comme à peine après avoir fini une ouverture, je me projette sur la suivante, persuadé qu'elle sera encore plus belle que toutes celles que j'ai pu ouvrir avant. L'attrait du beau caillou, de l'inconnu et de l'aventure me le fait imaginer en tout cas, un peu comme un drogué en mal d'adrénaline ou de came qui pense que le shoot suivant sera encore meilleur.

Je crois maintenant que tant que mon corps me le permettra et tant que mes yeux verront des lignes sur les parois, je continuerai d'ouvrir. Mon idée (comme celle de tous mes amis ouvreurs) est toujours d'essayer d'ouvrir la plus belle ligne possible, quel que soit le niveau de la voie, avec le rocher (ou la glace l'hiver) dont on dispose encore.

Porter des sacs bien lourds, bartasser, essayer d'éviter les blocs branlants, prendre des risques parfois importants, toujours (ou presque) en partant du bas ou du dernier point atteint, tout ça pour ouvrir seulement une ou deux longueurs supplémentaires au cours d'une très longue journée : serai je un peu masochiste? la question mérite d'être posée. Il est en tout cas certain qu'ouvrir une voie me procure un bien être psychologique important, voire participe à mon équilibre.

Il semble que c'est un mal quasi incurable dont j'aurai le plus grand mal à sortir. De plus, ce mal me semble identique à celui dont souffrent tous les ouvreurs que j'ai pu côtoyer ou rencontrer au cours de mes nombreuses pérégrinations en montagne : Il n'est (heureusement) pas trop répandu, mais il est certain que beaucoup de ceux qui se sont essayé à l'ouverture, ont continué...

P.S. : je profite également de ce post pour publier 2 voies en dessous, que je n'avais pas encore diffusé.

- Panticosa 51 aux Banos : 1ere voie ouverte après mon accident de ce printemps. Très facile et en très bon rocher (on avait pris les friends mais ils sont assez inutiles, seules quelques sangles pour cravater les arbres suffisent)

-Bolt as love sur le chemin de Respumoso : on avait repéré des dalles granitiques superbes de loin, mais elles se sont avérées un peu trop lisses pour nous, en tout cas pour une ouverture en mode semi-équipé du bas. Il reste quelques belles longueurs, mais aussi des transitions végétales.


Début d'ouverture, ce dimanche



 

Panticosa - "Panticosa 51"







Respumoso - "Bolt as love"








vendredi 28 juillet 2023

Dolomites - Torre figlia de la canali - Dentro la nebbia del amor : une ouverture sans perfo

 De retour d'un voyage dans les dolomites où la météo a été, comme à son habitude dans le coin, très orageuse. Lorsqu'on arrive sur place, 3 jours de beau temps sont annoncés : on décide de partir immédiatement tenter d'ouvrir une voie au Sass Maor en tentant d'aller directement au sommet depuis la vallée, sans redescendre une seule fois : résultat, on se coltine toute l'eau et le matériel de bivouac et des sacs de 40kg. Dès le 2ieme jour, on explose en vol  à cause du poids (surtout moi) et on redescend dans la vallée. Philippe arrive alors à me convaincre qu'il faut partir dans un mode beaucoup plus "semi fast and (beaucoup plus) light". on se déleste de tout le matériel superflu, perfo compris. J'avoue que partir dans des parois de 700m farcies de surplombs sans même un perfo "au cas où" dans le sac (et sans même savoir si on pourra faire des relais corrects) m'émeut plus qu'il y a quelques années, mais il faut avouer que le rocher des dolomites permet bien des audaces.

En avant donc pour une ouverture à l'ancienne : la seconde tentative n'est pas la bonne puisqu'après avoir ouvert 250m de voie dans une paroi, on tombe sur une vieille voie non répertoriée sur le topo. On décide de redescendre et d'aller grimper la voie "Heidi", proche du refuge Pradilali et de la voie "Bulh" qui s'avèrera être une superbe voie terrain d'aventure. Celle-ci nous réservera à la descente un orage soudain comme probablement seules les Dolomites savent en offrir :).  Entre temps, on a repéré (surtout Philippe) un autre projet d'ouverture sur une paroi de 700m non loin du refuge, la torre Figlia qui comprend seulement une voie Manolo sur la partie haute. On se lance à nouveau en mode " semi fast and light" et après seulement 2 longueurs, un nouveau gros orage s'abat sur nous, nous obligeant à nous réfugier sous un rocher. on redescend à la voiture.

Le lendemain, réveil à 4h du matin, motivés comme jamais : on ouvre 6 longueurs jusqu'à tomber sur une vire salvatrice qui permet, avec seulement une longueur de corde en traversée de rejoindre un pierrier et le refuge tout proche. Après une journée de repos, on remonte et on réouvre 6 longueurs supplémentaires jusqu'en haut du premier pilier. Comme on s'est bien fait secouer par les orages, on a bien pris soin de confectionner des relais pour pouvoir descendre en rappel  jusque là. La voie est donc entièrement rappelable jusqu'en haut du premier pilier. Le lendemain, c'est la plus belle journée qui est annoncée. On décide de tenter d'ouvrir le second pilier et d'aller au sommet directement. En fait, on ne verra pas le soleil de la journée et on finira même au sommet dans le brouillard le plus total, mais on arrivera à ouvrir 8 longueurs supplémentaires et à aller au sommet de la torre de la figlia. Contrairement à ce qui est dit sur le topo, la descente s'avèrera bien complexe : on devra improviser un rappel et tirer plusieurs longueurs de corde avant de rejoindre la voie normale de descente de la cima Canali, toute proche  (compter bien 3h de descente du sommet au refuge).

On arrive au refuge Pradilali trop contents à l'heure de manger : le regard et le quotidien de l'équipe a totalement changé depuis que nous sommes montés pour la première fois. On est passé de clients Lambda à véritables compagnons de route. Ils suivent régulièrement nos péripéties à la jumelle depuis le refuge et nous demandent de raconter avec moultes détails nos petites aventures. On comprend que l'ouverture de voies en mode traditionnel ne se pratique quasiment plus dans la zone. Même les grimpeurs se font rares (il est vrai qu'entre les voies existantes où il y a très peu de matériel en place, les orages soudains et les descentes souvent bien délicates, on est très très loin du "love climbing" à la mode).

Le gérant débouche une bouteille de champagne et on boit de bon coeur avec l'équipe et les quelques guides locaux présents sur place.

Le lendemain, il nous reste à redescendre : à peine arrivés en bas, de gros orages s'abattent sur nous pendant plusieurs jours et on terminera le séjour tranquillement en grimpant en falaise.

Pour la voie, s'il y a des répétiteurs intéressés (ce qui est peu probable ), prévoir 2 jeux de friends jusqu'au n°2, plus un n°3. On a laissé les pitons dont on a eu besoin, donc inutile d'en prendre. Une grosse expérience du terrain d'aventure est requise, même si le niveau global de la voie est peu élevé et que presque tous les relais sont en place (sauf les 3 derniers). Vu le style d'ouverture, il y a inévitablement quelques courts passages expos où il faut vraiment éviter de tomber, mais dans l'ensemble ça protège très bien avec un peu d'expérience dans la pose des friends et des lunules.


La photo avec l'ensemble de l'équipe du refuge Pradidali qui pose avec nous avec, derrière nous, la torre figlia et la cima canali.


Le topo et le tracé







Ma pomme dans L1


Philippe attaque L2, superbe


L3


L4


L5


L6


L7, un enjambement pour changer de paroi


L8, une traversée pour franchir un toit avec 200m de vide dessous


L9, un départ pas si facile et pas trop protégeable : je serre un peu les fesses :)


L10


L11, une des plus belles longueurs (mais avec un passage expo pour franchir le surplomb jaune)


L12, sortie en haut du premier pilier 


Vue sur le pilier 2 qui mène à la tour de la figlia


L14, Philippe au départ de la longueur la plus dure :  un bon 6c assuré sur pitons et friends


L17 juste après la vire 



L18, dans le brouillard total



 L19


L20, dernière longueur


Spritz apérol!




mardi 4 juillet 2023

Vallée d'Aspe - falaise d'Arnousse - Un monde impitoyable /Banos de Panticosa - premier point haut / La Pierre Saint Martin - Orages bearnais

 Ces derniers jours avec Renaud et Ivan, on a ouvert une très jolie voie, courte mais pas facile du tout sur la falaise d'Arnousse qu'on regarde tout le temps avant  de passer le tunnel du somport en allant en Espagne. Le caillou est vraiment magnifique, orienté sud mais il reste très longtemps à l'ombre caché qu'il est par les montagnes  situées juste devant lui. La paroi est très raide, avec quelques zones assez lisses et on est bien content d'avoir trouvé une ligne qui passe en libre dans un niveau pas extrême. On a été surpris de trouver un début de voie semi équipée avec des goujeons blancs à l'endroit où on voulait attaquer (ils sont visiblement tombés sur une zone lisse et n'ont pas fini leur voie). Ils ont croisé la ligne historique "no pasaran" en mettant un relais et 2 spits à cet endroit. Je ne cautionne habituellement pas cette façon de faire (surtout les spits de progression), mais puisque les spits étaient déjà en place, on les a utilisé pour notre voie au niveau de R2. "Un monde impitoyable" est équipée, sauf à l'endroit où on croise "no pasaran" où il faut utiliser un totem violet. Attention par contre, l'accès est rapide mais raide sur la fin (prendre des bons tennis et pas des crocs).

L'autre jour, on avait également été ouvrir avec Renaud une autre voie aux Banos de Panticosa, son très beau granite et son manque de gaz. Les points sont plus éloignés que dans les autres voies du secteur et il faut rajouter quelques totems, ce qui fait que la voie sera certainement moins parcourue que ses voisines

Un jour d'orage, j'étais également allé ouvrir en solo 2 petites voies courtes mais en rocher farci de cannelures juste au dessus des pistes de la Pierre Saint Martin  (pas de photo de ces voies pour cause d'oubli d'appareil photo).


Vallée d'Aspe - falaise d'Arnousse - un monde impitoyable

Le  très beau topo fait par Ivan





L1


L2

L3




L4



Banos de Panticosa - premier point haut





La pierre Saint Martin




jeudi 8 juin 2023

Bricolage en série : Banos de Panticosa Convoi Exceptionnel - Tobazo 48 - La Pierre Saint Martin Bonnie § Clyde

 Avec cette période météo exceptionnellement orageuse et humide (il devient même compliqué de trouver des falaises sèches), on en a profité pour ouvrir des voies faciles dont les critères principaux étaient de se situer proches de la voiture, de pouvoir redescendre facilement et très rapidement et d'être en beau rocher.

Tout d'abord la voie "convoi exceptionnel" aux Banos de Panticosa, ouverte avec Renaud : Terminée le 1er jour sous l'orage et le 2ième sous la pluie, elle remplit les critères précédemment énoncés : un granite souvent magnifique, 5 min d'approche, la possibilité de descendre à pied jusqu'à très haut dans la voie mais le corollaire de celle-ci est que la voie ne présente de "gaz" à aucun moment : les nombreuses vires cassent totalement l'ambiance et obligent souvent à marcher entre les ressauts. La voie est cependant assez longue parce qu'elle se termine tout en haut, loin au dessus du 2ième mur où finissent les voies de l"Espelon Rebollon' et " Escalera color".

Ensuite la voie "48" au Tobazo, ouverte avec Fabien. Là aussi, l'approche est bien réduite Le caillou est parfois magnifique avec des incrustations et toujours beau. Par contre, comme pour l'autre voie, il n'y a aucune ambiance. Cette voie est par contre bien courte.

Enfin les voies Bonnie and Clyde, ouvertes en solo : Comme pour les 2 premières, très beau rocher (cannelures superbes), approche minimaliste (5 min) et aucune ambiance. Ces voies sont en plus très très faciles (probablement parmi les plus faciles que j'ai jamais ouvertes) et très courtes.

L'ensemble de ces voies se descendent à pied. Tout le monde voulait de l'eau, on en a. Si ça continue, on va bientôt chercher le soleil :).

Banos de Panticosa " Convoi exceptionnel"












Tobazo "48"














La Pierre Saint Martin - voies "Bonnie § Clyde"