Retour sur un voyage terminé il y a plus d'une semaine déjà en Jordanie, où je n'étais plus allé depuis 2006. Le village de Rum a bien grandi depuis, mais l'ambiance reste toujours aussi super. L'idée initiale était de grimper des classiques du coin et d'ouvrir tranquillement quelques voies faciles. Mais c'était sans compter sur l'annulation de notre vol retour qui nous a fait perdre une semaine de vacances. Résultat : en enlevant les trajets, il ne me reste que 6 jours sur place et il nous faut miser sur l'efficacité.
Le 1er jour, Renaud, arrivé quelques jours avant moi, a repéré une paroi non loin du village où il y a uniquement une voie des frères Remy. On va voir et on cherche sans succès des traces de leur ligne. On se dit qu'on verra bien et on attaque une ligne de fissures évidentes. Aucune trace de passage. Après 3 longueurs, on arrive sur une grande vire et on comprend en voyant leur matériel en place. Les frères Rémy ont attaqué bien plus haut qu'on ne le pensait au niveau de la grande vire en passant par un passage bédouin. Il y a leur voie et une autre voie plus récente bien plus à droite dans la face: il nous reste donc bien de la place entre les 2 pour continuer notre voie. On avance donc, mais après quelques longueurs on se rend compte que les repérages nous ont fait perdre pas mal de temps et on n'aura pas le temps de terminer. On assure donc la descente en préférant revenir le lendemain. Le 2ième jour, on revient donc en accédant à la grande vire par le passage bédouin et on continue notre voie. On a vite compris les bases pour l'ouverture des voies dans le coin : il faut viser le rocher le plus sombre possible, sous peine de grimper dans des zones sableuses, les spits ne servent pratiquement à rien et sont souvent très douteux, les pitons sont souvent bien meilleurs et l'arme absolue du coin reste l'utilisation de lunules. On terminera notre voie assez tôt et en se baladant en haut, on trouvera les rappels de la voie "Room doodle" qu'on hésitera à prendre, mais qu'on laissera finalement tomber faute de savoir si on a les cordes assez longues. On se rendra alors compte qu'en Jordanie plus qu'ailleurs, la descente fait partie intégrante de la course. Après quelques rappels bien tendus de peur de les coincer, on atteindra finalement le sol à la tombée de la nuit, soulagés. Quant à la voie, "le pays des 1001 péripéties", elle est facile et jolie en bon rocher à l'exception d'une longueur assez sableuse en haut (La paroi fait 400m de dénivelée, mais comme elle zigzague pas mal, elle est assez longue).
Le 3ieme jour, on s'accorde une petite grasse matinée, puis on se décide au pied levé pour partir pour Barrah Canyon. On prend quelques topos à la volée pour grimper : arrivés sur place, on demande à Atahyek, qui nous a amené où sont les voies dont on a les topos. Il rigole : on se rend alors compte qu'on a pris des topos de voies de Rakaba Canyon au lieu de Barrah Canyon : on s'est gouré de Canyon : des vrais génies!!!;)
On se balade autour du lieu où il nous a laissé pour le bivouac et comme on a pris avec nous le matériel pour ouvrir et qu'il est déjà presque midi, on se décide pour ouvrir une voie facile très courte (mais très jolie), "Barrah cuda" pas très loin des voies de Luis Alfonso et Cie. Le lendemain, on part grimper une classique du coin, the star of Abu Aïna. Atahyek vient nous chercher et nous dépose à son campement au Khazali. On part se balader juste avant la nuit sur la paroi évidente face au campement. Il semble qu'il n'y ait qu'une seule voie ouverte sur celle-ci. Il y a une zone rouge sombre, apparemment vierge. Comme toujours, on verra bien : on se décide pour aller voir le lendemain. Le matin, les 1eres longueurs se passent super bien en très bon rocher jusqu'au moment où Renaud manque de se prendre un gros vol en arrachant une prise. Il est bien secoué mentalement mais on est déjà trop haut pour redescendre (les rappels seraient décalés et bien coinçables) et il vaut mieux qu'on essaie d'atteindre le sommet et redescendre de l'autre coté. Qui plus est, on n'a plus assez de matériel et on commence à couper par petits bouts un de nos 2 brins de corde (qui était déjà bien usé). On atteint finalement le sommet et on commence les rappels de l'autre coté. On touchera finalement le sol avec un brin ne dépassant pas 40m, bien soulagés là aussi. L'ouverture de voies, même faciles en Jordanie, c'est vraiment l'aventure, mais en même temps c'est ça qu'on est venu chercher ici. On appellera la voie "un phare dans la nuit" par rapport à toutes les lumières des divers campements vus dans le désert au milieu de la nuit.
Atahyek nous ramène à Rum pour notre dernier jour sur place : on est un peu fatigués mentalement et on se décide pour une voie classique et courte face au village, après avoir emprunté un brin de corde à une sympathique cordée hispanique : flight of fancy. Comme toutes les classiques du coin, celle-ci ne nous décevra pas.
Le lendemain, il est déjà temps de prendre l'avion mais comme on atterrit à Madrid et qu'il nous reste un peu de temps, on en profitera pour aller grimper des classiques à la Pedriza (qu'aucun de nous ne connaissait), puis à Jaraba.
P.S. : on a sous traité les topos des voies du "pays des 1001 péripéties" et d"un phare dans le désert" à un vrai bon créateur de topos : Ivan. Un grand merci à lui.
Les topos (ceux du "pays des 1001 péripéties" et d'"un phare dans le désert" ont été réalisés par Ivan. Merci encore)Vanity dome "Le pays des 1001 péripéties", des photos de la voie
Barrab canyon - "Barrah Cuda" : des photos de la voie
Khazali - "Un phare dans le désert" : des photos de la voie
les voies classiques : "the star of Abu Aïna" et "flight of fancy"
La pedriza - fissure Galvez
Reprise du ski cette semaine