Ce petit mot est dédié à tous les accrocs de la glace La pratique de l’activité glaciaire dans les pyrénées implique une disponibilité sans égale dès lors que l’on sort des classiques de Gavarnie, de Bielsa ou encore d’Izas. Il faut être prêt à abandonner travail, famille ou encore enfants et assumer complètement son égoïsme dès lors qu’une vague de froid un peu importante se profile à l’horizon. Tout pratiquant un peu « mordu » est donc avant tout un grand malade et vit dans la frustration permanente à cause de l’attente avant le froid puis des regrets sans fin dès lors que l’on a raté le coche sur telle ou telle structure éphémère.
Toutes ces choses, je m’en suis accommodé et les personnes de mon entourage aussi (plus ou moins, bien sur, car il faut être capable de vivre avec quelqu’un à moitié perdu dans ses pensées qui ne vous parle presque plus lorsque le froid arrive).
Cependant, quand le froid est là, il convient aussi d’adopter la bonne stratégie et de faire les bons choix. Se rendre disponible ne suffit pas : il faut être au bon endroit au bon moment. C’est souvent par ce coté que je pêche, étant parfois trop gourmand ou trop optimiste, ou d’autres fois aussi trop peureux au pied d’une cigare jugé trop fin ou trop au soleil. Depuis une semaine, je multiplie les mauvais choix. Je suis parfois au mauvais endroit, ou parfois au bon mais sur la mauvaise cascade et je sais déjà que je garderai de cette fin de froid 2012 un arrière goût un peu amer et des regrets pour plusieurs années (jusqu’à la nouvelle vague au moins). Hier, je n’ai pas dérogé à la règle : après un renoncement sur l’objectif initial (je n’ai pas osé écrire « sur l’objet de mes désirs » mais le cœur y est) pour cause de route enneigée, nous avons remonté toute la vallée d’aspe jusqu’à l’Espagne à la recherche d’un hypothétique glaçon et nous avons finalement fini la journée en ski de randonnée sans arva (alors qu’une bonne couche de poudreuse est tombée depuis quelque temps : tant qu’on y est, autant multiplier les conneries ).
A cet instant, il me vient à l’esprit les paroles de François (glaciairiste passionné s’il en est) après la première répétition d’une éphémère cascade dans les alpes après qu’un copain l’ai contacté pour en connaître les conditions : « vas-y, ça va s’effondrer ! ». Une personne normale ou sensée ne serait jamais partie (Allez, je succombe à un jeu de mots facile : le jeu en vaut-il la chandelle ?). Le copain y est allé le lendemain. Le surlendemain, l’ensemble de la structure (plusieurs longueurs) s’écroulait. La passion de la glace, pour certains, c’est aussi ça. La raison n’y a pas toujours sa place. Je n’en suis encore pas là (l’âge aidant, j'espère que je ne le serai jamais) mais je suis pourtant en mesure de comprendre le raisonnement. C’est grave, docteur ?