jeudi 25 juin 2020

Ansabère - grande aiguille -" D'antzaberri"

Ce mercredi, on a fini avec Renaud, la voie à la grande aiguille d'Ansabère qu'on avait commencé pendant le week end de l'ascension. On a eu un petit moment de frayeur en arrivant sur l'épaule, puisqu'on a découvert que l'orage était déjà sur le pic d'Aspe et qu'être en haut de la grande aiguille à ce moment là, c'est un peu comme être au sommet d'un paratonnerre. Heureusement, le ciel a été clément avec nous puisque l'orage s'est ensuite déplacé plus au nord, sur la table des 3 rois sans venir nous toucher (on a quand même pris la grêle et une forte pluie au retour, mais on était déjà sur le chemin)

Pour Renaud, c'était sa première vraie grande ouverture sur une grande paroi, et il s'est super bien débrouillé, même s'il m'a laissé terminé L4 et L5 (à 2 exceptions près quand même: dans la traversée de L5 où il a posé un spit pourri, peut être à cause d'une mèche foutue (il en a posé un juste à coté, mais plus dur à clipper) qu'on a pas réussi à enlever (désolé, Renaud, mais je n'arrive pas à assumer ce spit...:)) et sur le relais de L6, qu'il a planqué assez à gauche (mais c'est très facile, les répétiteurs chercheront) après une très belle longueur). Il s'est en plus cogné un portage tout seul du matériel jusqu'au pied du couloir la veille de la montée finale : bravo à toi, mec, et à refaire dès qu'on peut!!!

La voie est très jolie; elle fait le tour complet de la grande aiguille, un peu comme la directe de la Mitre à Vadiello. Elle débute par le couloir commun à toutes les voies (il est possible aussi de passer par le pierrier menant au couloir Garrote mais il est infâme et je déconseille cette option) et se termine dans la Ravier après l'épaule, comme l'ensemble des voies sortant à la grande aiguille. Je trouve le caillou vraiment très bon (pour Ansabère, bien sûr), sur la partie ouverte jusqu'à l'épaule. Tous ceux qui ont déjà grimpé à la grande aiguille savent que le rocher de la sortie commune à toutes les voies sur l'arête est bien plus délicat, malheureusement. Les 2 seuls passages en 7 sont sur spits et facilement artifables. Ils sont très courts : 3m pour la traversée de L5, mais assez peu agréables avec des pieds assez glissants malheureusement (le début et la fin de la longueur sont en 6b), et 7 à 8m au début de L7, très beaux ceux là, avec des petites verticales à tenir avec des pieds souvent en adhérence où il faut tenir la cadence et ne pas craquer (la fin de la longueur est en 6c). la voie est idéale pour les grosses chaleurs, puisque après L4, elle est intégralement à l'ombre jusqu'à l'épaule.

Renaud me demandait hier comment j'avais vu cette ligne, ce qui m'a amené à m'interroger sur comment tous les ouvreurs procèdent dans leur repérage. Déjà, je pars du principe que tout n'est pas ouvert, même dans des zones connues ou on pense que tout a été fait, sinon on ne cherche pas (j'ai regardé pour la grande aiguille et la dernière ouverture remonte en 1994). En ce qui concerne cette voie, je me rappelle parfaitement quand ça a commencé : en 2009, j'étais parti grimper le couloir Garrote en hiver et j'avais vu le dièdre fissuré juste à gauche en me disant "tiens, c'est pas ouvert", mais sans y attacher plus d'importance que ça. Une autre fois, bien plus tard, j'étais parti au pic de Petragème me balader en famille et, en descendant un peu plus bas, j'avais vu une ligne fissurée et la grande face vierge où on a finalement ouvert. Je ne suis pas passé à l'action de suite, comme souvent. En discutant avec Ivan Thomas l'automne dernier, il m'avait parlé du pilier nord, ouvert par Despiau et Barokas il y a bien longtemps, et il m'avait dit que Despiau lui avait indiqué que le rocher du pilier nord était globalement excellent. Cette discussion a servi de catalyseur pour moi. Mon projet d'ouverture se situait en effet juste à droite : il était donc probable que le caillou soit assez identique. Il restait juste à relier les bouts de ligne que j'avais vu par un repérage plus détaillé, ce qu'on a fait le premier jour de l'ouverture (on aura mis 3 jours à ouvrir au final).

Merci à toi Renaud, t'es une machine! J'espère qu'on aura plein d'autres occasions de grimper ensemble.:)


Le topo

Les aiguilles, toujours un enchantement

La face qu'on va ouvrir


L4 (et début de notre voie après le couloir commun avec toutes les voies de la grande aiguille)

Renaud dans la traversée de L5 (où il y a le spit pourri, avec un autre, juste à coté)

Fin de L7, dans la brume

En descendant le coup d'avant, on avait fixé nos rappels : Renaud découvre les joies de la remontée sur corde à la jumar avec un sac...:)

L8, après un début un peu péchu, on remonte une très belle rampe sur friends

On voit le caillou caractéristique en forme de tête de rat où on va arriver au niveau de l'épaule

Renaud, dans la dernière longueur avant l'épaule

La tête de rat, vu depuis l'épaule


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